

Une bouffée d’air. Un pas.
Une respiration. On monte. Inlassablement. Entêtés sur les pentes de l’Aconcagua.
On tient le rythme. La cadence. Cette rengaine entêtante. Ce refrain inlassable. Ce désir du sommet. Qui nous hante depuis 10 jours.
Sous nos pieds se déroule un monde minéral. De poussière et de roches. De blocs et de falaises. Instable. Mouvant. Vacillant.
Lentement, on s’arrache de la pesanteur. Dans l’air fin et rare. On s’élève dans la Canaleta. Glissants. Titubants. Hagards. Funambules des roches. Le paysage tout entier s’effrite. La montagne s’érode. S’arrache. Se répand. Balayée par les vents et les ans.
Et prisonniers depuis des jours d’une pente sans fin. Sans frontière. Sans mesure. On est finalement libérés de notre quête saugrenue. De notre conquête de l’inutile. De notre désir futile. Libres et éreintés. Perdus et étourdis. Le sommet vacillant de l’Amérique nous accueille.
Sur sa croix, il nous dévoile son panorama. Déroule nos joies et nos peines. Notre aventure. Nos 10 jours d’approche et d’efforts. Nos camps et nos portages. Nos motivations et nos doutes.
Sur le toit d’Amérique, le repos nous rattrape. Les pensées se libèrent. Les sourires éclatent. Les émotions se mélangent.
Sur le toit d’Amérique, on s’embrasse. On s’accolade. On pleure et on rit. Libres et légers…







LES VOIES POUR LE SOMMET
Comme toujours, il existe toute une palanquée de voies pour atteindre le sommet. Voici un rapide tour d’horizon des possibilités qui vous attendent :
LA VOIE NORMALE : Bondée, ultra touristique et rébarbative, on vous déconseille fortement cette option. La voie normale est un trek en aller-retour. Elle débute dans la vallée de Horcones jusqu’au camp de base de Plaza de Mulas avant de grimper dans les différents camps d’altitude.
LA TRAVERSÉE DES POLONAIS : Variée, progressive et moins fréquentée, cet itinéraire a été notre option. Le trek débute dans la vallée de Punta de Vaca pour rejoindre le camp de base de Plaza Argentina. La route longe ensuite le glacier des Polonais pour rejoindre le camp 3 – Colera – de la route normale. Redescente par la voie normale.
LA VOIE DES POLONAIS : Voie alpine nécessitant tout l’équipement d’alpinisme classique. La route est commune avec l’itinéraire de la traversée des Polonais jusqu’au camp 1. De là, la voie rejoint le sommet directement par le glacier des Polonais. Pentes à 70°. Escalade en V. Cotation AD / D. Redescente par la voie normale.
LA VOIE DIRECTE SUD – VOIE MESSNER : Voie alpine mythique et périlleuse dans l’impressionnante face sud. Très exposée et difficile, cette voie est très peu tentée. Accès depuis le camp de Plaza Francia dans la vallée de Horcones. Redescente par la voie normale.
PAS SI FACILE
Vaincu en 1897 par un suisse, l’Aconcagua a la réputation de colosse facile malgré ses 6962m. Pourtant les statistiques ne sont pas si bonnes. Seul 30% des prétendants au sommet y poseront réellement leurs pieds fatigués.
Méfiez-vous, le toit d’Amérique reste un beau challenge. Même s’il ne présente aucune difficulté technique par la voie normale, l’altitude, les conditions climatiques dantesques et le froid restent des adversaires de taille. Trop de monde débarque sur les pentes de l’Aconcagua sans préparation physique ou pratique. Certains même n’ont jamais fait d’autres montagnes de leur vie !
Bref, on vous le répète, ne sous-estimez pas l’effort que représente l’ascension d’un 7000, même soi-disant facile…
LA MONTAGNE, ÇA SE GAGNE !
Ceci est un coup de gueule. Un coup de nerfs. Un coup de rage.
Contre tous les inaptes rencontrés sur les pentes de l’Aconcagua. Contre toutes les personnes qui ont cru que l’argent permettait d’accéder aux sommets. Que le sur-équipement remplaçait la technique et l’entraînement. Que le cross-fit remplaçait une sortie en montagne. Qui ont oublié leur esprit collectif à la maison. Qui ne savent monter ni une colline ni une tente. Qui veulent une douche et du caviar à 6000m. Du wifi et de la 4G.
Ceci est un coup de gueule contre les 7 summiters qui ont perdu leur amour de la montagne pour celui de la gloire d’un diplôme d’ascension. Qui ont perdu les valeurs montagnardes pour un égoïsme et un confort bien loin des pionniers qu’ils admirent.
Bref, de manière générale, cet article n’est pas dédicacé aux touristes de la montagne, aux bouffons des cimes et au mercantilisme des hauts pics qui règnent malheureusement sur les pentes de l’Aconcagua.
MALBEC MON AMOUR !
Lieu de passage immanquable dans l’aventure de l’Aconcagua, Mendoza et son célèbre vignoble sont souvent le point de chute des summiters harassés et pouilleux au retour de leur expédition. Les bodegas et les caves pullulent à Mendoza ! Et la star locale est le Malbec, rouge et bien corsé. Récup idéale en terrasse avec una cosa de tinto en la mano !

LES BONNES ADRESSES
Union 777 – Mendoza : Cadre moderne et dynamique pour ce resto de Mendoza. Une carte simple et des plats soignés autant pour les petits creux du midi que pour les soirs. Prix raisonnables…
Alamo Hostel – Mendoza : Charmante maison en plein cœur de Mendoza qui abrite une petite AJ joyeuse et bon enfant. Dortoirs ou chambres privatives. Cuisine en libre service. Et super jardin avec petite piscine pour échapper à l’air torride de la ville !
Agence Grajales – Mendoza : Pionnier dans le milieu des expéditions à l’Aconcagua, Grajales fait parti des agences incontournables et fortement recommandées. Organise des expéditions commerciales privatives ou collectives sur les principales routes de l’Aconcagua. Service impeccable et confort tout au long de l’expédition. Guides et porteurs ultra sympathiques et dévoués.
















Aleksandra Kukla
Bravo pour ce magnifique article qui présente de façon très fidèle la réalité de l’Aconcagua.
J’espère que votre aventure se passe sans problème.
Ola et Boris
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